jeudi 19 novembre 2015

Version patronale d’un front commun

Alors que la fonction publique se regroupe pour défendre les intérêts de ses membres, je suis en croisade pour tenter d’obtenir l’adhésion des grands patrons des bannières autour d’une cause commune.

Je parle ici de l’idée de financer un fonds de défense des intérêts de notre industrie à hauteur de 100 000 $.

L’exercice doit servir à commanditer une étude d’experts sur les retombées socio-économiques et fiscales d’un crédit permanent d’impôt pour soutenir l’activité de rénovation.

L’offensive n’est pas que pécuniaire. Elle est aussi logistique dans la mesure où le deuxième volet de la demande faite aux bannières vise à obtenir leur engagement de participer à une ronde nationale de signatures d’une pétition dans leurs réseaux respectifs de magasins en faveur dudit crédit d’impôt permanent.

Si on arrive à déposer, fin janvier, un lot cumulé de 35 000 signataires, soit une personne sur 1 000 Canadiens, on détiendra un appui populaire pouvant inciter le monde politique et les médias à s’intéresser à notre rapport sur les retombées nettes.

Une telle action collective et solidaire, toutes bannières confondues, serait, selon les plus vieux routiers consultés, une première.

L’AQMAT, avec le concours de ses associations soeurs, peut mener des représentations dont le but avoué est d’influencer le nouveau gouvernement canadien et ses contreparties provinciales. Parce que nous défendons des intérêts collectifs, ceux des magasins, des bannières, de leurs fournisseurs et même des consommateurs.

Sans oublier les finances publiques.

En effet, notre étude devrait démontrer que l’apparent manque à gagner que représente un crédit d’impôt permanent sera largement comblé par des sommes incroyables récupérées sous forme d’impôts sur le revenu découlant d’un combat au travail au noir, de taxes de vente sur plus de produits légaux face au fléau des produits piratés et de la contrefaçon, sur une augmentation du PIB grâce à des achats de meilleurs produits et à des travaux effectués par des professionnels.

À vrai dire, cette croisade, je ne l’ai pas choisie. Elle s’imposait.

vendredi 14 août 2015

À propos de la pérennité d'un crédit d'impôt à la rénovation

L’édition de la semaine courante du journal Les Affaires m’a fait bondir. Le vénérable chroniqueur Jean-Paul Gagné y signe une charge argumentée comme un béton qu’on aurait armé contre l’idée d’un crédit d’impôt permanent à la rénovation.

Je me dois d’appuyer, de nuancer ou de m’opposer à chacun des sept points soulevés, présentés comme autant de contre-indications économiques à notre principal cheval de bataille.

1er point : M. Harper est flou sur la date d’entrée en vigueur du crédit annoncé, se réfugiant derrière la notion  « quand la situation financière du gouvernement le permettra ».

Je suis 100 % d’accord avec le chroniqueur et nous l’avons déjà dénoncé : c’est irresponsable de promettre un crédit d’impôt sans l’attacher à une date, car les personnes ciblées, en l’occurrence les propriétaires résidentiels, seront alors incitées à retarder leurs travaux pour profiter du crédit promis.

2e point : les crédits d’impôt devraient être instaurés lorsque l’économie tombe au neutre.

Effectivement. Et c’est le cas, me semble-t-il. Les économistes s’entendent pour statuer que le pays subit une contraction financière depuis le début de l’année. Le Conference Board du Canada a révisé à 1,9 % le taux de croissance de l'économie canadienne, alors qu'il prévoyait une croissance de 2,4 %. Le taux directeur commence maintenant par un zéro. Le baril noir s’achète à 45 dollars, une diminution de 40 % en un an. Le taux de chômage devrait augmenter de 4,5 % en 2014 à 6,8 % cette année. En bref, oui, M. Gagné, l’économie canadienne – et québécoise – stagne, voire décline. D’où l’à-propos d’un État plus interventionniste.

3e point : rendre permanent un crédit d’impôt à la rénovation subventionnerait une industrie qui se porte très bien.

Le chroniqueur oppose le marché de la rénovation à celui de la construction neuve. Or, il ignore qu’on parle ici des deux faces d’une même médaille. L’entrepreneur, par nature, effectue des travaux, qu’il s’agisse de partir du plan avec les fondations ou de revoir un bâtiment existant. Le fabricant de matériaux s’en balance un peu que ses madriers, des revêtements ou ses clous servent à construire ou à rénover. La quincaillerie accueille avec le même enthousiasme le client qui veut donner une deuxième couche à son mur avant les moulures décoratives autant que l’autre qui part avec du gypse et de l’apprêt. Or, cette grande famille que je viens d’évoquer est - et sera - victime d’une baisse des chantiers que certains observateurs estiment à 30 %. Elle subira selon d’autres une bulle immobilière qui ralentira les transactions de maisons existantes, d’où moins de travaux et de matériaux pour préparer la vente ou adapter l’acquisition aux besoins des nouveaux occupants. Notre industrie, M. Gagné, ne se porte pas très bien.

4e point : la pérennisation du crédit d’impôt encouragera les gens à rester plus longtemps dans leur demeure, ce qui réduira l’offre des maisons à vendre.
Oh que ce raisonnablement est difficile à suivre. On sous-entend ici qu’il est mauvais d’inciter la population à rénover davantage et avec qualité leur cocon. Mais pourquoi donc rénove-t-on, incidemment ? Parfois par nécessité, après une avarie ou un accident. Pour aider à vendre sa maison. Pour améliorer le confort ou la sécurité de la maisonnée. Pour adapter la propriété à une nouvelle réalité (enfants, bigénération, etc.). On ne rénove jamais sans raison. Le caractère permanent d’un crédit aurait l’énorme avantage d’aider le propriétaire à rénover au moment où il le juge nécessaire plutôt que sous le stress d’une fin de programme ponctuel.

5e point : il y a risque de surchauffe dans le secteur résidentiel. Des prix de maisons trop élevés et une remontée des taux d’intérêt obligeraient à vendre, d’où des pertes de valeur et une explosion des reprises par les institutions financières.

Il est clair qu’on a observé sur plusieurs marchés au Canada et dans quelques quartiers de Montréal ou de Québec une certaine surenchère. Je suis de ceux qui trouvent plutôt sain que le prix de toute maison relève d’une logique de marché à l’abri des spéculations, défendu par des bases plus logiques. Mais de toute façon, cela est un autre débat, tellement éloigné de la mesure annoncée dont l’objectif principal, rappelons-le, est d’aider à contrer le travail au noir. Quant à une flambée des taux d’intérêt, ce n’est pas demain la veille, comme disaient les anciens…

6e point : l’économie d’impôt ne serait pas suffisante à décourager le travail au noir.

M. Gagné, quand quelqu’un vous offre un travail sans facture, c’est pour « sauver sur les taxes ». Et rien d’autre. Aucun entrepreneur, même bandit, ne va s’aventurer dans une transaction en dessous de la table en choisissant de réduire sa marge. Il va proposer le sans-taxes pour séduire le consommateur qui, lui, s’il accepte, économisera en gros 15 %. Le taux annoncé par le premier ministre sortant est exactement celui qu’on revendique et qui est en usage dans nombre d’États américains avec des effets notables sur la réduction du travail au noir dans la construction/rénovation ainsi qu’un impact positif dans les coffres publics.

7e point : la mesure vise à mettre de l’argent dans les poches des propriétaires, ce qui serait discriminatoire à l’endroit des ménages locataires.

À telle enseigne, supprimons le crédit d’impôt dont peuvent profiter les athlètes de haut niveau parce que le cycliste du dimanche n’y a pas droit. Mettons fin au crédit qui donne un répit aux aidants naturels du fait que tout le monde n’a pas nécessairement la chance d’avoir un vieux malade à charge. Arrêtons la prestation fiscale pour enfants tant elle discrimine les célibataires.

Un propriétaire résidentiel doit être encouragé à réparer, à entretenir et à embellir sa maison. Toute la société bénéficie d’un patrimoine mieux bâti.

L’AQMAT continuera de se battre pour qu’un crédit illimité dans le temps et si possible sans plafond financier s’instaure afin que le travail au noir disparaisse et que la population vive dans de meilleures résidences.

jeudi 6 août 2015

Un crédit permanent, mais aussi sans plafond et sans délai, contre-propose l’AQMAT


On se réjouit de la promesse électorale des conservateurs d’introduire un crédit d’impôt permanent à la rénovation, une mesure que l’organisme demande depuis plus de cinq ans. Sauf que pour être pleinement efficace, un crédit d’impôt permanent ne devrait pas être limité à des travaux d’une valeur aussi basse que 5 000 $ et surtout, il devrait être implémenté dans les meilleurs délais.

Le caractère permanent du crédit d’impôt promis par le premier ministre sortant en ce début de campagne électorale change complètement la donne. Je suis heureux que l’annonce place la rénovation et son soutien par l’État au premier plan de la prochaine élection.

Les avantages fiscaux ponctuels sont loin d’être inutiles, mais leur impact comporte une part d’effets pernicieux.

Au nombre des inconvénients, la difficulté de requérir aux services d’un entrepreneur du fait que les carnets de commandes se remplissent à chaque mesure gouvernementale temporaire. Leurs tarifs peuvent aussi gonfler en raison de la rareté des ressources.

Plus incident est le facteur d’empressement que provoque tout programme temporaire : on procède à des travaux dans l’urgence au lieu de les réaliser au meilleur moment, selon l’état de la propriété et les projets du ménage.

En réalité, un crédit d’impôt dans le secteur de l’habitation doit viser non seulement à stimuler l’activité économique, mais aussi à combattre le travail au noir qui sévit encore dans l’industrie et à inciter les investissements durables dans le patrimoine bâti. Dans cette perspective, le taux annoncé de 15 % applicable aux rénovations d’une valeur minimale de 1 000 $ peut inciter les contribuables à confier leurs travaux à des professionnels.


Une annonce trop d’avance ralentirait l’économie

L’AQMAT est d’avis que le crédit ne peut attendre à 2017 ni être conditionné à un critère aussi flou que « si la situation économique le permet », pour reprendre les mots de M. Harper.

Promettre un avantage fiscal aussi loin dans le temps provoquerait assurément un ralentissement des affaires puisqu’une partie de la population retarderait ses projets de rénovation dans l’attente du crédit d’impôt.


Sans plafond

En plafonnant à 5 000 $ par année la valeur des travaux admissibles, la promesse perd aussi beaucoup de son attrait. L’idée d’un maximum est une mauvaise piste. Je suggère de ne pas limiter de montant annuel, mais de s’assurer que les dépenses concernent strictement la résidence principale du requérant.

Une mesure bonifiée, soutient l’AQMAT, aurait un double effet positif: des revenus compensatoires plus grands pour le gouvernement, sous forme de taxes et impôts payés par les entreprises et les travailleurs concernés, avec en prime, une amélioration du patrimoine bâti en vertu de travaux et de matériaux potentiellement de meilleure qualité.

Une pétition sera lancée sous peu auprès des entreprises membres en faveur de ses deux amendements.


Cheval de bataille

Soulignons qu’en avril 2015, 63 dirigeants de quincailleries et centres de rénovation ont répondu à la question : L'AQMAT doit-elle continuer de demander l'instauration d'un crédit d'impôt permanent? Ils ont été 91 % à considérer notre action utile, voire  indispensable .

Également, en mars 2014, pas moins de 123 propriétaires-marchands et directions de bannières de quincailleries ont signé une pétition initiée par l’AQMAT afin que soit instauré un congé fiscal continu, correspondant à l’écart-type entre les coûts de travaux exécutés légalement et ceux faits « sous la table », applicable à toute intervention faite par un professionnel licencié et impliquant des matériaux satisfaisant les codes et normes en vigueur.

C’est donc dire que la promesse de Stephen Harper est accueillie avec enthousiasme par la direction de l’AQMAT qui est maintenant en droit d’espérer que les autres chefs de partis en lice feront du pouce sur l’idée en proposant un crédit non seulement illimité dans le temps, mais aussi en termes d’enveloppe budgétaire.

lundi 25 mai 2015

Deux inquiétudes planent sur les petits commerces montréalais

Notre métropole, fait face à des choix déchirants pour son positionnement commercial. 

Accepter, comme elle vient de le faire, que les magasins de certaines zones ouvrent 24 h / 7 jours va rendre la vie difficile aux petits commerces, obligés de suivre une cadence où les grandes bannières sont plus à leur aise en raison de leurs ressources mieux adaptés à gérer les mouvements de personnel et à une logistique accrue. D’un autre côté, l’offre élargie va séduire le consommateur urbain.


La question de savoir si les ventes au bout d’une semaine de 168 heures seront plus élevées qu’à l’intérieur des 72 heures actuelles se pose-t-elle? Mais non, elle ne se pose pas. Jamais les frais directs en voie d'exploser ne justifieront les recettes supplémentaires.


Un personnel réduit au minimum à certaines heures afin de juguler les coûts provoquera les cas de vols et de fraudes, d'autant que, sans verser dans le profilage, on peut raisonnablement croire qu'un client à 4 heures du matin pourra être plus joyeux et moins bien intentionné qu'un client à 4 heures de l'après-midi!


L'embauche aussi se complexifiera: qui veut travailler de nuit sans de généreuses primes salariales que les commerces de détail n'ont pas la marge d'offrir?


L’autre décision grave que l’administration Coderre doit prendre concerne l’accord à donner, ou non, au méga centre commercial appelé RoyalMount. Le projet de 1,7 milliard de dollars envisagé, tel le DIX30, aux intersections d’autoroutes 15 et 40, confronte deux visions de l’urbanisme et du vivre en ville. 

 Photo : Carbonleo


« Magasiner » en ville est synonyme de rues parsemées de boutiques et d’échoppes. C’est le contre-poids aux centres commerciaux avec appendices de divertissement qui s’étalent en périphérie.


Les deux offres se complètent et adressent des concepts séduisant en fait des profils de consommateurs assez différents.


Or, RoyalMount, c’est la banlieue qui s’invite dans la cité. Le chien dans un jeu de quilles. C'est l'intrus parmi une quantité de magasins avec pignon sur rue, disséminées par grappes, dont la plus importante est la Sainte-Catherine.


Je suis de ceux qui croient qu’une ville, de surcroît une métropole, ne se réduit pas à sa seule dimension. Outre d’être une grande agglomération, toute ville a une signature, une architecture, un design, un esprit. 


Fermez les yeux et rouvrez-les à Boston, vous savez que vous y êtes. Refermez-les et faites-vous téléporter cette fois à Londres, et vous savez immédiatement où vous êtes quand vous les rouvrez.


Maintenant, fermez de nouveau les yeux pour les rouvrir dans un de ces méga-centres, et vous vous apercevez que vous n’êtes nulle part.


Je suis pour le projet. Mais rebaptisons-le RedMount à Rougemont. RigaudMount. 'OliettMount. Pas dans notre métropole.


vendredi 13 mars 2015

Rénovations: du rêve au cauchemar

Je cède cette semaine mon espace de blogue au journaliste Daniel Germain qui a publié cette semaine ce récit dans Les Affaires.

Publié par Daniel Germain dans Les Affaires le 10/03/2015 à 13:03
Il y a de ces rénos qu’on entreprend sur un coup de tête, comme celles de ma salle de bain que je ne suis plus capable de voir, avec ce lavabo en forme de coquillage dont la couleur est indéfinie. «C’tu jaune? C’tu beige? C’tu crème?» On ne sait pas trop.

Ce devait être au départ une opération cosmétique, mais finalement on arrache tout, on défonce et on recommence. Il a fallu que ma blonde me montre des photos de douche italienne sur Pinterest pour que ma raison hisse un drapeau blanc et que le projet gagne de l’envergure.

Et il y a ces travaux majeurs qui murissent des années dans notre tête. Vous savez ceux qu’on repousse jusqu'au moment du dernier versement hypothécaire. L’ultime rénovation! On en rêve durant des années. «Un jour…»

Pour mon voisin, c’était un solarium. Il habite un bas de duplex, avec une jolie petite cour fleurie qui, de juin à septembre, accueille les soupers familiaux du dimanche. Il a acquis l’immeuble à la fin des années 1990, qu’il a converti en condos quelques années plus tard. Les copropriétaires du haut sont de la famille. Ça va, ça vient, comme dans une commune.

«Ce projet de solarium, avec la grande terrasse en haut, nous l’entretenons depuis que nous avons acheté le duplex», me raconte-t-il, attablé dans la nouvelle pièce vitrée de sa maison. Heureux? Amer plutôt. Les coûts des travaux ont explosé, tout comme l’échéancier. La bisbille s’est installée entre lui, l’entrepreneur et un des fournisseurs qui le menaçait encore la semaine dernière par téléphone, alors qu’il était dans un remonte-pente avec sa fille, de venir récupérer l’escalier extérieur. «J’ai passé une autre nuit blanche», dit-il, contemplant la fissure qui fait son chemin sur le nouveau plancher chauffant en céramique.

C’est une vraie histoire d’horreur dont j’ai été en partie témoin. Quand je lui ai demandé de me la détailler au bénéfice des lecteurs, il n’a pas hésité, comme s’il voulait se livrer à un exercice libératoire. Une sorte de catharsis. Mais il est aussi conscient du potentiel pédagogique de sa mésaventure: «J’ai commis plusieurs erreurs», reconnaît-il.

Il évoquait ce projet depuis quelques années déjà, et, chaque été, avec plus de détails. Le solarium, qui s’ouvre à la grandeur, allait permettre de profiter de la cour, beau temps, mauvais temps. Sur le plan figurent aussi une petite piscine à jets dans laquelle on peut nager sur place ainsi qu’une grande terrasse au deuxième, au-dessus de l’extension à la maison.

Comment un projet dérape

Il y a un an, mon voisin a fini de rêver. Il était prêt à passer à l’action. «J’avais totalement remboursé l’hypothèque.» Après des recherches sur le net, il décide de faire affaire avec un fabricant de solariums, qui coordonnera l’ensemble des travaux. Il a pris soin de recueillir des références. Toutefois, il aurait dû faire dessiner des plans par un architecte-paysagiste et demander des soumissions ensuite. Mais son erreur la plus coûteuse aura sans doute été son excès d’enthousiasme et son impatience à voir se réaliser ce projet qui, pourtant, avait attendu des années.

Plan en mains, il demande un permis à la ville. Il n’avait pas prévu la lenteur des fonctionnaires municipaux. Nous sommes au printemps et mon voisin est désormais résolu à profiter de sa piscine à l’été. On lui accorde son permis, non sans un retard de plusieurs semaines.

Un problème surgit alors: l’homme qu’il a engagé pour faire les travaux ne donne plus signe de vie. Ce dernier se manifeste finalement au bout de deux semaines pour se désister en évoquant des problèmes de santé. «Mais bonne nouvelle, dit-il du même souffle, j’ai quelqu’un qui peut faire la job à ma place.»

Alors se pointe ce type bedonnant et en sueur qui ne respire pas la santé non plus, le genre qu’on soupçonne sous la menace constante d’une crise cardiaque. «Je voulais que les travaux débutent au plus vite, je n’ai pas demandé de références. Une autre de mes erreurs», raconte mon voisin, qui s’est dit rassuré par la teneur du contrat qu’ils ont signé.

Bien que détaillé, le contrat omettait des éléments essentiels, comme l’excavation et la dalle de ciment pour accueillir la piscine. «Je croyais que c’était le fabricant de la piscine qui s’en occupait.» Et d’autres changements sont apportés au plan, mais sans modifier le contrat. «On s’entendait verbalement». Le voisin réclamait des états de compte, mais l’entrepreneur ne lui en fournissait pas. «Je lui faisais des chèques selon un calendrier déterminé entre nous, mais je n’avais pas idée de ce que je lui devais, compte tenu des imprévus et des changements apportés au plan initial».

Puis les travaux ont bloqué. L’entrepreneur avait promis de livrer début juin, mais prétextant le mauvais temps, il a pris des semaines de retard. Je doute que la météo soit en cause, de ma fenêtre, je pouvais voir son personnel se trainer les pieds, fumer des clopes, texter sur leur cellulaire. C’était gênant.

Puis arrive juin. Juillet. Août. Le voisin n’est pas prêt de se baigner. La cour est un chantier, la ruelle ressemble à un dépotoir. Le ton monte. Puis le fournisseur essaie de rogner sur la qualité des matériaux convenus, constatant sans doute que sa marge de profit est à risque.

Survient ensuite le chapitre de l’escalier, installé en… décembre. L’entrepreneur ne veut pas payer cet escalier prévu au contrat et tente de refiler la facture au client. Exaspéré et impatient d’en finir, ce dernier propose d’en payer la moitié. Sans succès. Maintenant, c’est le fabricant de l’escalier qui s’est tourné contre mon voisin pour se faire payer. C’est entre les mains des avocats.

Bien entendu, le budget a été largement défoncé, sans compter les frais du juriste. Mais il y a pire. «Je ne suis même pas convaincu de la qualité des travaux.»

Il en a rêvé durant des années. Il vit maintenant un cauchemar.

Comment éviter ce genre de capharnaüm

Qu’aurait-il dû faire pour éviter tout ça? J’ai posé la question à Andrei Uglar, président de SmartReno. Cette entreprise du Vieux-Montréal agit comme un courtier en entrepreneurs. On lui présente son projet de rénovation, et elle nous propose trois entrepreneurs qui soumissionneront pour avoir le contrat.

Il est essentiel de demander plusieurs soumissions. «Et ne pas choisir nécessairement la plus basse», affirme le président de SmartReno. Des soumissions trop basses débouchent souvent sur des imprévus et des extras.

Il faut recueillir des références. N’hésitez pas à appeler d’anciens clients pour savoir s’ils sont satisfaits. «Exigez des photos des anciens projets», conseille Andrei Uglar. A-t-il fait l’objet de plainte à la Régie du bâtiment? A-t-il sa licence? Est-il assuré? Offre-t-il une garantie pour les travaux?

Méfiez-vous aussi de ceux qui se présentent en retard au premier rendez-vous, ou malengueulés. Leur camion est-il propre? Porte-t-il le nom de l’entreprise? Ça ne fait pas foi de tout, mais ce peut être autant de signes qui témoignent du professionnalisme de l’entrepreneur.

Enfin, assurez-vous que le contrat est clair et détaillé. Et si vous apportez des changements en cours de route, inscrivez-les.

Cela vous évitera bien des dépenses. Et peut-être des nuits blanches.

vendredi 6 mars 2015

La clientèle s'est féminisée. Notre industrie, elle?

La Journée internationale des femmes tombe un dimanche, cette année. Auront-elles double congé après une semaine de relâche pour tous, sauf pour elles? 

Je n'ai pas la réponse.  

Ce que je sais pour sûr en revanche, c'est que notre magazine Quart de Rond se penche sur celles qui, rares, trop rares, ont choisi de faire carrière dans notre bastion masculin.

Je sais aussi que pendant que notre marché s’enrichissait d’une évidente dimension féminine, nos commerces demeuraient masculins. Du moins, leurs propriétaires le demeuraient. En témoigne cette statistique éloquente: 139 femmes sont propriétaires des 1019 quincailleries et centres de rénovation recensés au Québec. 

Exprimé en pourcentage, le ratio femmes/hommes marchands est tout aussi désolant qu’en nombres absolus: seulement 13,6 % de femmes figurent dans la propriété des magasins d’ici.


C'est quand même fascinant que si peu de femmes semblent avoir le goût de diriger des magasins où les décisions de rénovation se prennent de plus en plus par elles, comme presque tout ce qui concerne la maison d'ailleurs.

Certes, les quincailleries et les centres de rénovation emploient un peu plus de femmes. Mais pas au point de nous déloger du triste record d'être le secteur du détail où on en retrouve le moins; même moins que dans les magasins de vente d'appareils électro-ménagers ou d'automobiles. Un peu gênant.

Je m'amusais jaune à constater que le conseil d'administration de l’AQMAT est à l’image conservatrice de son industrie. Depuis la création de notre Association en 1940, il y a eu 54 présidents du conseil d’administration et seulement trois présidentes du conseil d’administration. 

Au moment d’écrire ces lignes, une seule femme (Me Isabelle Toupin du cabinet légal LKD) siège au conseil d’administration 2014-2015 aux côtés de neuf hommes.

À l’heure actuelle, tous les présidents et chefs de la direction des bannières canadiennes et américaines sont des hommes. Il y a eu Annette Verschuren à la tête de Home Depot Canada pendant quinze ans jusqu’en 2011, et c’est à peu près tout. 

Reste à espérer que cette place prépondérante qu'on accorde aux femmes dans nos pages de magazine imprimera de nouvelles idées dans la tête des dirigeants...